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le roman d’un rallié

la victoire est proche. Le Breton ressemble à la Bretagne, taillée en proue de navire et faite pour naviguer, rivée pourtant au massif terrestre et condamnée à vivre immobile.

Mais ce n’était pas tout. Dans le cas d’Étienne il devait y avoir autre chose encore puisqu’il n’arrivait pas à réaliser cet équilibre imparfait et attristé, stable néanmoins, auquel tant d’autres, en Bretagne, ont su atteindre. Il se sentait sous l’influence de quelque hérédité mystérieuse et songeait à son grand oncle le réprouvé, dont on lui avait si longtemps caché l’histoire, à cet abbé de Lesneven, compagnon de Lamennais, mort comme lui dans l’impénitence finale, après avoir suivi jusqu’au bout le sentier tracé par le maître. Ce devait être une âme ardente, pleine de fièvres et de contrastes, avec d’irrésistibles poussées vers l’inconnu, des audaces incomprises et des retours subits de désespérance et de troubles. Étienne ne savait presque rien de lui. Sa mère s’était bornée à lui révéler très tard, comme à regret, l’existence de cet aïeul inavoué et jamais ne lui en avait reparlé. Les œuvres de l’abbé, —