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le roman d’un rallié

aux rêveurs, la vieille mélancolie héréditaire a livré un dernier assaut. Les bois, les herbes, les nuages, les roches antiques lui ont chanté la chanson des longs passés mystérieux et des avenirs troublés. « À quoi bon, disaient-ils, en leur poétique langage, à quoi bon vouloir changer la face des choses et le cœur des hommes, si ce n’est point pour rendre les unes plus belles et les autres meilleures. Or, qu’y a-t-il de plus beau que nous autres, œuvres du bon Dieu, vêtues des parures que son soleil nous confectionne ? Et qu’y a-t-il de meilleur que le cœur de l’homme simple, dépourvu de science, mais plein de droiture et confiant en son créateur ? »

« Et puis, disaient-ils encore, tu ne jouiras plus de nous quand tu auras tourné tes pas vers la grande route empierrée. En vain voudras-tu revenir vers nous, les compagnons de ton enfance, les confidents de ton adolescence. Soucis et labeurs auront vite fait de toi un étranger. Tes yeux ne sauront plus voir l’humble brin de gazon, tes oreilles ne percevront plus les battements d’ailes des oiseaux ; les bruits et les par-