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le roman d’un rallié

large trottoir de ciment. Un magnifique paon est là qui se promène avec une gravité comique et, de temps en temps, s’arrête pour faire la roue. L’architecte radical, sorti de son fauteuil, le regarde, le nez contre la vitre, puis se retournant dit assez haut pour être entendu ne tous : « Je parie que c’est l’État qui paie l’entretien de cet oiseau de luxe » et il va se rasseoir en ajoutant d’un air accablé : « Que d’abus ! » L’ecclésiastique n’a pas bronché, Étienne et Vilaret n’ont pas même levé les yeux, le général et les trois officiers en retraite ainsi que le journaliste sont demeurés impassibles. L’effet est manqué. L’architecte étend les jambes, en répétant encore une fois : « Que d’abus ! » Ses collègues Bourguignons l’entraînent pour le faire taire. Sur le canapé, les deux Bretons ont repris leur conversation : « C’est pour couper les câbles derrière vous, interroge Vilaret, que vous m’avez prié de vous présenter au Président ? » — « Non, répond Étienne. En quoi le fait d’être reçu en audience à l’Élysée me lierait-il à la République ? Il y a, grâce à Dieu, assez de détente dans le pays