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le roman d’un rallié

et de son milieu, par cette sorte de flemme qui n’est point la paresse, car elle atteint parfois des actifs aussi bien que des inactifs, mais qui est plutôt une perversion intellectuelle, un désordre des facultés, une absence de gouvernement intérieur. Si le flemmard travaille, c’est par habitude ou pour chasser l’ennui, mais il ne croit pas à son travail. « À quoi bon ! » est le dernier mot de sa sagesse. Il se réjouit d’apercevoir les côtés contradictoires de chaque question et il prend plaisir à noter les continuels échecs et les perpétuels recommencements de l’humanité. Tout lui parait digne d’être analysé, l’important comme l’inutile, l’absurde comme le raisonnable, et de cette analyse ressort toujours quelque motif d’hésiter, de s’abstenir ou de se méfier : ce que ne manquait jamais de faire Jean de Chateaubourg.

« Es-tu fou ? » demanda-t-il de nouveau, voyant qu’Étienne ne répondait pas. — « Probablement » fit celui-ci en riant. — « Ça, reprit l’autre, je te le pardonnerais encore. La folie, c’est une carrière qui ne doit pas manquer d’intérêt, mais je n’admets pas que tu te laisses