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le roman d’un rallié

connu Monsieur l’Abbé, sauf votre respect, car c’est toujours ainsi que nous l’appelions, malgré qu’on lui eût fait défense de dire sa messe. Il a vécu ici six ans, tout juste, pas vingt-quatre heures de moins, car il est mort le 1er mai 1851, l’anniversaire du jour qu’il s’était installé dans le manoir. J’avais vingt ans quand il est venu, aussi vrai que j’en ai soixante-neuf aujourd’hui, pour mon malheur… » — « Où est le manoir ? » interrompit Étienne. « Le manoir, dit le paysan, étonné, et comme cherchant dans ses souvenirs… ah ben ! on l’a démoli. Il n’était pas beau, allez. La maison qu’on a bâtie à la place est bien plus jolie ». — « Qu’est-ce qui a fait démolir le manoir ? » demanda encore Étienne.

« — On nous a dit que c’était Madame la comtesse qui demeurait là-bas près de Poullaouen, la belle-sœur de M. l’abbé, qui héritait de lui avec ses enfants. Mais c’est monsieur le Recteur de Crozon qui a tout conduit. Il venait souvent ici, monsieur le Recteur, même que, dans les derniers temps, cela mettait M. l’abbé dans des fureurs parce qu’ils se disputaient tous les deux