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le roman d’un rallié

Le repas avait duré trois heures. Au dessert, Étienne avait fait un petit discours en Breton, puis des gars avaient chanté des chansons dont le refrain était repris en chœur par les convives. Ensuite, les tables desservies et démontées, on s’était mis à danser au son du biniou, et cela avait duré jusqu’à plus de 8 heures du soir. Elle était rentrée à 6 heures, prétextant une migraine, lasse en réalité de voir Étienne rire et danser et de l’entendre parler cette langue dont elle ne comprenait pas un mot… Elle eut volontiers, dans l’insomnie qui suivit, traité le jeune marquis de rustre et de paysan, mais elle se rappelait son appartement pour y être entrée une ou deux fois : le luxueux cabinet de toilette entrevu sous une portière soulevée, la chambre en andrinople avec les grandes peaux d’ours blancs et le petit fumoir en rotonde avec ses lambris de bois sculpté et sa tenture en cuir de Cordoue. Tout cela était empreint d’un tel cachet d’élégance personnelle et impliquait des habitudes et des goûts si raffinés que l’accusation ne tenait pas debout.

C’est dans ce même appartement qu’on venait