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le roman d’un rallié

la fierté ne nourrit point. Très embarrassé, il s’enfuit aux bureaux du journal et conta son aventure. Justement, on venait de décider le renvoi de l’unique employé dont les habitudes d’ivresse prenaient des proportions inquiétantes. Albert s’offrit à le remplacer et, agréé, se mit sur le champ à coller des bandes et à écrire des adresses. Le soir, il étala par terre le matelas de son prédécesseur et s’y endormit tranquillement. Le lendemain matin, il balaya le plancher et prit la plume pour rédiger son premier article. On était en pleine période électorale. Le 16 mai, le maréchal de Mac-Mahon, cédant à la pression de son entourage, avait renvoyé brusquement le ministère Jules Simon et lui avait substitué un cabinet réactionnaire. En même temps, le Parlement avait été prorogé et la dissolution de la Chambre prononcée. Une période d’arbitraire et d’illégalité commençait. M. de Fourtou, ministre de l’intérieur, destituait les préfets et les sous-préfets par douzaines. Des journaux étaient saisis, des cercles fermés, des poursuites intentées contre tous ceux qui exprimaient, en public, une