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le roman d’un rallié

tutelle d’une respectable institutrice qui avait élevé auparavant mademoiselle Éliane d’Anxtot.

Avec cette dernière, Étienne se souvenait d’avoir joué au croquet un matin d’été, vers 1887. Cela se passait en Berri, chez les d’Halluin. Il était arrivé avec sa mère, la veille au soir ; madame d’Anxtot et sa fille partaient à midi. Ce croquet unique lui avait laissé un excellent souvenir ; jamais il ne s’était tant diverti que ce matin-là. Mademoiselle Éliane, en robe courte, avec ses cheveux dans le dos, son entrain et son rire perlé s’était fixée dans sa mémoire si nettement qu’il ne songeait pas à se la représenter, maintenant, avec des cheveux relevés et des robes longues. Sept années avaient pourtant passé sur cette rencontre juvénile et, à cet âge là, un pareil laps de temps correspond à la plus radicale des transformations, celle qui fait de deux enfants dont la psychologie et la physiologie étaient encore incertaines, un homme et une femme capables de donner la vie à leur tour.

Ce fut donc en toute quiétude d’esprit que, le jour fixé pour l’arrivée de ses cousins, Étienne se