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le roman d’un rallié

dans une chambre d’hôtel, lui plein de confiance, elle certaine qu’elle ne le reverrait jamais.

Et alors, un supplice sans nom commença pour l’infortunée ; son mari était vivant à 500 kilomètres d’elle, et chaque minute qui s’écoulait, elle avait la sensation de la perdre pour toujours, puisqu’elle savait qu’il allait mourir. Le dernier jour de novembre, n’y tenant plus, confiante d’ailleurs dans les soins attentifs de la nourrice et des autres serviteurs, elle partit seule dans une hâte fébrile. Elle s’avança jusqu’au Mans et s’efforça d’obtenir un sauf-conduit pour Orléans, par Chartres. Les nouvelles contradictoires qui lui parvenaient, la bouleversaient ; on était au 4 décembre. Elle sut enfin qu’elle arrivait trop tard, que l’avant-veille, son mari avait été tué à l’attaque de Loigny et que le duc d’Halluin, qui avait suivi la bataille pour porter secours aux blessés jusque sous le feu de l’ennemi, avait pu recueillir le dernier soupir de son neveu et, déjà, ramenait son corps vers Nantes. Ce coup ne la terrassa point ; elle y était trop préparée ; mais il consomma la transformation que l’attente du malheur avait