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le roman d’un rallié

salut dans l’éternité. Mais Thérèse de Lesneven n’avait pas la vocation. Le grand air de Kerarvro, les longues chevauchées, la surveillance des cultures et de la taille des bois qu’elle s’était attribuée, lui avaient fait une santé robuste : elle voulait vivre. Un cousin de Madame de Lesneven, le duc d’Halluin qui l’admirait, entreprit de la marier à son neveu, le marquis de Crussène, orphelin, héritier d’une fortune superbe et, comme on disait au temps jadis, « cavalier accompli ». Mais, vraiment, un sort tragique s’opiniâtrait sur la descendance des Lesneven. La comtesse s’était laissée persuader : elle avait accueilli à Kerarvro son cousin et le futur gendre qu’on lui amenait. Quarante-huit heures ne s’étaient pas écoulées depuis leur arrivée et, déjà, il était visible que les deux jeunes gens se plaisaient et allaient s’éprendre l’un de l’autre, lorsque Madame de Lesneven fit une chute terrible dans le vieil escalier de pierre aux marches usées par le temps : la fièvre la prit, une congestion se déclara qui l’emporta en quelques heures.