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le roman d’un rallié

sent, impuissantes, les fureurs du large. Là étaient sa demeure, son clocher, ses terres, son avenir. Un grand désir le prit soudain de revoir la Bretagne. Pourquoi l’avait-il quittée ? Elle le tenait par toutes les fibres de sa nature celte, par toutes les complications primitives de son imagination. Elle l’avait nourri de ses poétiques légendes, pénétré de ses senteurs douces, vivifié de ses souffles puissants… Il revint à la lettre de sa mère, l’ouvrit et la lut :

« Mon cher enfant, écrivait la marquise, je souhaite que ces lignes te rendent la notion du temps écoulé depuis ton départ de France, car tu me sembles l’avoir perdue. Si tu veux, comme tu en avais l’intention louable, rapporter de ton voyage des impressions nettes, profitables, il devient tout à fait nécessaire d’y mettre un terme. Il y a deux manières de chercher à comprendre un pays étranger : en le parcourant et en y résidant. Ces procédés s’opposent tellement l’un à l’autre, qu’on se repent presque toujours de les avoir employés simultanément. À quoi bon pénétrer dans le détail, du moment qu’on n’a