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le roman d’un rallié

Ils parlèrent au hasard de cinquante choses proches et lointaines ; la jument semblait éprouver une hâte extraordinaire et grimpait les côtes tout d’une haleine, pressée d’arriver, elle aussi. Elle salua d’un hennissement joyeux l’apparition de la forêt qui se montra à un détour de la route. On la voyait, d’en bas, en amphithéâtre, avec la vallée qui la divise et bientôt, on atteignit les premiers arbres. À gauche, soudain s’ouvrit une clairière au milieu de laquelle s’élevait une courte pyramide de marbre blanc, très simple ; point de sculptures ; rien qu’une guirlande de laurier tournant autour du socle que traversait une palme. Sur la pyramide, étaient inscrits ces mots : Étienne-Louis-Raoul, marquis de Crussène, tué à Loigny, le 2 décembre 1870. Ce n’était pas un tombeau, mais un monument commémoratif que la marquise avait élevé, en mémoire de son mari, à l’entrée de leur domaine. Étienne arrêta la charrette, descendit, ôta son chapeau, s’agenouilla un instant et déposa un baiser sur le marbre. Jean-Marie ému le regardait. Puis la voiture les emporta vers le château