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le roman d’un rallié

l’amusant dédale des vieilles demeures, grimpant les unes sur les autres et à droite, le canal aux quais de pierres grises, s’en allant porter à la mer le reflet paisible des coteaux qui l’enserrent. Il eut souhaité d’apercevoir la pointe élancée du fameux Creizker qu’il devinait très proche, dominant de sa majesté grave le bourg endormi de Saint-Pol-de-Léon.

Il quitta là le train de Brest et monta dans le petit chemin de fer qui va de Morlaix à Carhaix ; son impatience croissait. Le trajet dura une heure et quart. On s’enfonçait de plus en plus dans le centre de l’Armorique. Aux stations, très fréquentes, le costume local dominait et les mots Français se faisaient de plus en plus rares. Étienne prêtait l’oreille avidement à ce parler à la fois doux et rude, si bien approprié à la Bretagne dont les herbes odorantes poussent sur un sol de granit. À Poullaouen, il se sentit arrivé et d’un bond fut dans la cour de la gare, où sa petite charrette anglaise l’attendait. Il l’avait demandée spécialement afin d’être plus vite rendu à Kerarvro. Il échangea de rapides poignées de mains