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le roman d’un rallié

par dessus la complexité des âges intermédiaires.

Hâlé par les vents furieux qui se battent sur l’océan, calmé par les longs sommeils et les siestes en plein air, rendu dispos par huit jours d’inaction, Étienne était débarqué au Havre, anxieux de rallier Kérarvro, comme un officier exact qui est pressé, à l’expiration de son congé, de regagner sa garnison. Il n’évita point Paris parce que le chemin le plus court du Havre à Brest n’est pas la ligne droite. Mais il sauta de la gare Saint-Lazare à la gare Montparnasse, sans autre souci que celui de dîner dans un restaurant hâtif de la place de Rennes, et vingt-quatre heures ne s’étaient pas écoulées depuis qu’il avait quitté le pont de la Champagne, que les paysages familiers du pays natal défilaient sous ses yeux par les portières du train. À six heures du matin, il avait entrevu Saint-Brieuc à travers le crépuscule tenace des matins d’hiver et la « dame » du buffet, en l’apercevant, avait laissé échapper une exclamation de surprise. C’était une veuve pour qui, disait-on, la vie avait été dure. Grande, l’air tragique, toujours vêtue de noir et le visage impas-