Page:Pierre de Coubertin - Hohrod - Roman d'un Rallié, 1902.djvu/14

Cette page a été validée par deux contributeurs.
7
le roman d’un rallié

éprouvait cela à un haut degré. Depuis huit jours, il savait que le délai était passé, que sa mère avait écrit, que sa lettre était à bord de tel paquebot transatlantique et qu’à vingt-quatre heures près, le Clerk de l’hôtel Normandy la déposerait à la lettre C dans le casier d’acajou.

Lorsque l’ascenseur s’arrêta au deuxième étage, il en sortit machinalement, longea par habitude un corridor sombre et pénétra dans une grande chambre dont il avait fait avec peu de chose un logis personnel. Des photographies, des fleurs, des livres corrigeaient l’aspect quelconque des meubles et empêchaient le regard de s’arrêter sur le calorifère à eau chaude apparent dans un coin, sur les commutateurs électriques et les sonneries disposés près de la porte, sur le lit enfin, replié contre la muraille et simulant une armoire à glace géante : décor commun à bien des hôtels d’Amérique et auquel l’Européen a peine à s’habituer. Une porte entr’ouverte laissait apercevoir un cabinet de toilette avec sa baignoire de marbre et son carrelage de faïence bleue. La pièce s’éclairait par trois fenêtres en bow window donnant