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le roman d’un rallié

si ce décor banal, au milieu duquel se sont écoulées à peine quarante-huit heures de son existence, devait s’incruster dans sa mémoire. Il éprouve, à les voir une dernière fois, une sensation âpre et bizarre qu’il ne peut définir : ces murailles et ce pavé le retiennent positivement et d’amers regrets montent des profondeurs insondables de son âme. Maintenant Fifth Avenue défile sous ses yeux ; parait Madison Square avec ses grands arbres, la façade blanche du Fifth Avenue Hôtel, et dans l’angle, près de l’University Club, la tour de la Giralda reproduite en dimensions géantes pour servir de réclame à un établissement public où se donnent des fêtes et des concerts. Broadway, si animé le jour, est plongé dans une silencieuse obscurité où s’enfonce la perspective grise des maisons, des fils télégraphiques, des boutiques et des rails de tramways. Puis voici Washington Square avec l’arc de triomphe récemment élevé en commémoration de l’installation du premier président des États-Unis. Là se termine Fifth Avenue. Étienne se rappelle sa surprise, le jour ensoleillé du débarquement, devant l’étroitesse et l’aspect un peu