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le roman d’un rallié

par là, je marquais ma liberté d’opinions et mettais mon indépendance à l’abri de toute atteinte, est-ce que vous refuseriez encore ? » Une émotion poignante lui serre le cœur ; les yeux de Mary se troublent et leur expression dément le oui faiblement prononcé, comme par acquit de conscience. Et faisant un effort sur elle-même, elle dit à son compagnon, en détournant la tête pour cacher ce qu’elle éprouve : « Étienne, il faut partir et partir tout de suite. Écrivez ce soir à votre mère pour annoncer votre arrivée et prenez le prochain paquebot. » — « C’est bien, répond le jeune homme avec une sorte de farouche énergie, je ferai cela ; mais je reviendrai. » — Mary garde le silence ; une grande fatigue a passé sur ses traits, la fatigue de la lutte intérieure qu’elle vient de fournir. Au bout de quelques instants, Étienne reprend d’une voie adoucie : « Je veux emporter de vous une double promesse. D’abord, celle de répondre à mes lettres qui seront fréquentes et dans lesquelles je vous ferai part de tout ce qui m’arrivera de bon ou de mauvais, de tout ce que je ferai ou penserai… »