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le roman d’un rallié

Un jour viendra où il faudra demeurer sédentaire dans les villes et se contenter de profits plus maigres, d’affaires moins considérables ; la force d’initiative et l’élasticité, qui font rebondir après chaque chute, seront moins utiles, en ce temps-là, que la patience et la persévérante lenteur… Les Américains, enfermés dans le cercle de fer, se soumettront-ils ou bien leur puissance d’expansion les entraînera-t-elle à faire la guerre au loin pour le plaisir de vaincre ?…

Ces pensées traversent rapidement l’esprit d’Étienne et ne s’y fixent pas, parce que son regard suit avec avidité la marche des aiguilles sur l’horloge du manège, Encore dix minutes ! Mais voici Mary qui l’appelle. Elle est en avance, elle aussi, et lui sourit de la tribune. Pendant qu’on selle les chevaux, il court la retrouver et il y a dans ses yeux, dans sa physionomie, dans toute sa démarche une telle ardeur, une si visible émotion que la jeune fille, un peu anxieuse, semble hésiter une minute. Puis le calme et la résolution lui reviennent et elle presse le départ. Son amazone bleu foncé très simple, son petit chapeau