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à travers les public schools

heureux de faire emploi de sa force. C’était un grand et solennel spectacle surtout, à l’hiver, quand les quelques flambeaux épars dans la chapelle répandaient sur toutes ces choses une sorte de lueur crépusculaire, qui allait se perdre dans les ténèbres de la voûte… C’est aussi par une froide soirée de novembre que j’y pénètre : l’édifice a été presque entièrement reconstruit dans un très beau style ; mais, là-bas, au pied de l’autel, il y a toujours la grande dalle blanche avec ce seul nom : Arnold, qui en dit plus que toutes les épitaphes phrasées. Une voix jeune et hésitante s’élève, prononçant des versets de psaumes : c’est un petit blond à la mine de chérubin qu’on exerce à lire à haute voix ; le maître suit dans un livre, corrigeant les mauvaises inflexions ou la prononciation défectueuse ; plus loin, deux grands garçons, en costume de flanelle blanche, écoutent immobiles et silencieux. Dans le transsept de gauche, une tombe est évidée dans le mur ; c’est le monument élevé à Arnold et sur lequel il est représenté, étendu, les mains jointes, grand, mince, nerveux : c’est bien ainsi qu’on se l’imagine ;