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problèmes et solutions

font évader des criminels ne le sont vis-à-vis de la société.

En Angleterre cependant ce remède énergique — l’expulsion — est moins indispensable que chez nous ; ce qui engendre le mal, ce qui le développe et l’étend surtout, c’est l’ennui ! Parmi les enfants il y a des vicieux précoces, mais il y a encore plus d’inconscients et de natures malsaines que de vicieux proprement dits ; il faut faire la chasse aux premiers et mettre à l’abri les seconds, c’est-à-dire les soustraire à l’action pernicieuse de l’ennui et faire disparaître peu à peu leur anémie. Or chez nous, c’est tout le collège, ces deux mots là : ennui et anémie ; à part de rares exceptions ils résument l’existence du collégien. — Ce qu’on a toujours vu autour de soi, on est porté à le croire normal ; il faut la réflexion, le raisonnement ou bien l’observation chez les autres pour arriver à la conclusion opposée. Véritablement, quand on y réfléchit, rien ne semble en soi plus inepte que le mélange de caserne et de prison auquel, sous le nom d’internat, on condamne les enfants ; il n’y a pas d’homme fait dont on exige ce qu’on exige