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l’éducation en angleterre

et aussi ses préjugés. Ils s’en rendent bien compte, les jeunes citoyens, comme le prouvent ces fières déclarations faites par l’un d’eux dans la Revue de son collège (Rugby Magazine) : « Nous formons un véritable corps social, une société au sein de laquelle nous avons, non pas seulement à apprendre, mais à agir et à vivre, — et à agir et à vivre non pas seulement en enfants, mais en enfants qui seront des hommes. » Le jeune auteur faisait un peu la roue en décernant à ses camarades ce brevet d’importance, mais au bout du compte il rendait bien la pensée de tous, maîtres et élèves. On conçoit que l’enfant, transporté soudain dans un pareil milieu, s’y trouve singulièrement dépaysé et exposé à perdre pied avant de savoir nager : de là, la nécessité d’une transition.

Les Anglais ne sont jamais très pressés de se séparer de leurs enfants. D’abord ils n’y trouvent aucun avantage pécuniaire, parce que le plus souvent ils en ont beaucoup et très rapprochés d’âge, ce qui facilite et simplifie l’enseignement : les leçons collectives sont toujours moins dispendieuses que les leçons