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la chronique

tournée oratoire que M. Clemenceau exécuta en Vendée et dans le Var aux approches de l’automne. Il s’y prononça sur quelques points d’une manière qui ne cadrait pas précisément avec les déclarations de M. Sarrien. Aussi celui-ci prit-il un beau jour la ferme résolution de se retirer sous sa tente et le président de la République confia à M. Clemenceau le soin de former le nouveau cabinet.

Cette opération n’était pas nouvelle pour les Français, certes. Pourtant ils virent alors quelque chose qui ne s’était jamais vu : ils virent un homme politique faire durer une crise qu’il pouvait solutionner en vingt quatre heures et sembler prendre beaucoup de mal pour composer sa liste alors qu’il l’avait en poche toute prête. Puis quand cette liste eût été publiée et les nouveaux ministres nommés, leur chef les réunit pour s’entendre avec eux sur le programme du cabinet et il pria le parlement et l’opinion de lui donner du temps pour rédiger sa déclaration ministérielle. M. Clemenceau avait deux motifs d’en agir ainsi. Parisien et boulevardier — bien qu’enfant de l’Ouest et représentant du Midi — il savait que le peuple français s’amuse d’un rien et