avant cela il y aurait la manifestation prolétaire du 1er mai dont les timorés s’alarmaient déjà ; et plus près encore, l’agitation grandissante provoquée dans la région minière du Nord par la catastrophe de Courrières. L’émotion intense qu’une pareille hécatombe ne pouvait manquer de soulever dans toute la France s’accrut de l’énorme responsabilité qui parut peser sur la compagnie minière du fait des moyens de sauvetage très insuffisants dont elle disposait, du fait aussi des énormes profits réalisés par elle. Un professeur de l’université de Genève, M. Milhaud, causa grand scandale en publiant le tableau des dividendes distribués aux actionnaires. Constituée en 1852, avec un capital de 600.000 francs en 2.000 actions de 300 francs, la compagnie de Courrières avait pu dès la cinquième année donner du cinquante pour cent et au bout de dix ans du cent pour cent. Elle en était ainsi parvenue à 766 pour cent en 1891 et à 1.040 pour cent en 1905. Une mine susceptible de procurer de pareils revenus n’aurait-elle pas dû être pourvue de toutes les améliorations imaginables et faire à ses ouvriers une situation exceptionnelle au point de vue de la sécurité et du bien-être ? Mais il y eut pire. À la stupéfaction
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