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homme à tout faire qui commandait indifféremment un navire ou un fort, alternait la guerre des bois avec la guerre sur l’eau et s’improvisait au besoin négociateur de paix ou administrateur civil. Cette variété d’existence répondait, de façon suffisante pour le contenter, à l’instinct d’initiative que Charles Le Moyne avait légué à ses fils. N’empêche que ceux-ci étaient déjà rentrés dans la filière ; ils appartenaient à l’État et se trouvaient engagés vis-à-vis de lui. Les circonstances, avons-nous dit, expliquent la chose. La nécessité de défendre la Nouvelle France contre les attaques répétées des Anglais poussaient les jeunes Canadiens dans cette voie. Pourtant, il est étonnant que, sur onze garçons solides, élevés à pareille école, pas un n’ait cherché à faire fortune selon le mode paternel quand, d’ailleurs, tant d’occasions d’y réussir se trouvaient à portée ; et il ne paraît pas que le seul d’entre eux qui ait résisté à l’action du prestige militaire ait employé ses loisirs d’une manière bien féconde. À mesure que se déroule l’histoire des Le Moyne, cette particularité va s’accentuant. Les générations suivantes sont de plus en plus « filiéristes. » L’esprit d’initiative persiste ; mais, privé de bonne