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çaise, monument impérissable de sa gloire dont il eut la joie d’achever avant de mourir la composition. Pour apprécier, en dehors de sa grande valeur au point de vue du style et de l’érudition, l’importance d’une pareille œuvre, il convient de se remémorer l’angle très spécial sous lequel furent envisagés pendant longtemps les faits de la période révolutionnaire. On s’en faisait une idée à la fois rétrécie et amplifiée, inexacte de toutes façons. La Révolution française devenait une sorte de sublime explosion d’instincts généreux, ternie sans doute par de regrettables excès mais échappant à toute règle de critique historique et morale à cause de son jaillissement en quelque sorte spontané. Déjà Taine s’était emparé de ce sujet en indépendant soucieux seulement d’établir la vérité et, sous son scapel, le mouvement révolutionnaire avait livré quelques-uns de ses secrets. Le dogme de la spontanéité avait sombré ; le croisement des intérêts, des calculs et des passions s’était révélé. Il restait à faire un travail analogue sur la portée extérieure de la Révolution et son rôle en dehors.

La légende s’était également emparée de ce terrain-là. Les rapports de la France révolutionnaire avec l’étranger semblaient tenir tout entiers dans