Page:Pierre de Coubertin - Chronique de France, 1906.djvu/195

Cette page n’a pas encore été corrigée
183
de france

de la vie ; il a derrière lui une carrière, une spécialité quelconques. Il a été industriel, commerçant, agriculteur, avocat, journaliste, médecin, officier, diplomate, préfet, ouvrier peut-être durant de longues années. Son jugement s’est assis, sa personnalité s’est développée. D’autre part, le mandat qu’il exerce lui vient des conseils municipaux de tout un département dont les délégués se sont réunis au chef-lieu pour l’élire. Il est ainsi le représentant d’une région, d’un ensemble d’intérêts communs et d’aspirations générales et non pas, comme son collègue le député, l’émanation fantaisiste d’une circonscription artificiellement dessinée. Certes, par rapport à la province, le département français est lui-même quelque chose d’artificiel ; néanmoins il a derrière lui plus d’un siècle d’existence et puis le sentiment provincial qu’on avait cru détruire a survécu. On ne dit pas encore : un sénateur normand ou un sénateur lorrain ; n’empêche qu’un lien évident unit entre eux les sénateurs élus par les divers départements de Normandie ou de Lorraine. Ainsi le Sénat de la République est comme le microphone de la France ; les questions électorales y jouent un moindre rôle que dans l’autre chambre et, par