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dont à Berlin on avait pu craindre un moment qu’elle n’excipât de sa double qualité d’alliée de l’Allemagne et d’amie de la France pour jouer à la Conférence un rôle d’arbitre trop favorable à sa sœur latine, entrait elle-même dans une ère de crises gouvernementales. M. Fortis venait de reconstituer trop péniblement son cabinet pour qu’il y eût grand fond à faire sur la solidité de ce nouveau groupement. Il est vrai que le portefeuille des Affaires étrangères avait passé ainsi des mains de M. Tittoni à celles du marquis de San Giuliano ; le premier acte de ce ministre fut de choisir M. Visconti-Venosta comme premier plénipotentiaire à Algésiras. Précédemment M. Silvestrelli, ministre d’Italie à Madrid, avait été désigné ; c’était un choix effacé et l’indice d’une politique anodine. Avec M. Visconti-Venosta tout changeait d’aspect. L’éminent homme d’État, par son âge comme par sa valeur personnelle, devenait le personnage le plus en vue de la Conférence. Son arbitrage s’imposerait fréquemment. Or s’il avait naguère donné des gages de son attachement à la Triplice, il avait été un des protagonistes les plus ardents du rapprochement avec la France.