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leur présent n’éveillent là aucun écho intelligent et réfléchi ; quelques clichés, quelques jugements tout faits et empreints de cet absolutisme qui découle en général de l’ignorance, voilà tout. L’Exposition de Marseille comme naguère celle d’Hanoï devaient servir de prétexte à un énorme effort vulgarisateur ; il est regrettable qu’on ne l’ait pas compris dans les sociétés coloniales.

Il est impossible, d’autre part, de passer condamnation sur un oubli très choquant qui a été commis par les organisateurs de l’exposition. Ils ont laissé dans l’ombre les premiers créateurs de ce magnifique empire dont ils avaient voulu en quelque sorte réaliser la synthèse. De l’édifice on n’apercevait que les étages successifs ; les assises robustes étaient soigneusement cachées. Or, ces assises avaient été construites par la bravoure et le dévouement des soldats français et cimentées ayec leur sang. Qui s’en serait douté ? On eût dit qu’il s’agissait d’un héritage en déshérence recueilli par la République et dont aucun acte de vigueur n’aurait été nécessaire de sa part pour se faire attribuer la possession. Certes, il est bon de rappeler les lointains souvenirs de Gia Long et de l’évêque Pigneau de Behaine en Indo-Chine,