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cette somme, une part assez large serait détournée au profit du président et de ses créatures. Mais du moment que les banques parisiennes avaient décidé d’envoyer au Venezuela trois délégués chargés d’étudier l’affaire, ne convenait-il pas de laisser arriver ces délégués, quitte à leur fournir sur place les renseignements confidentiels propres à éclairer dûment leur religion ? Et puis, même environnée d’aléas, l’opération n’avait-elle pas, au point de vue français, une importance assez grande pour qu’il fut intéressant de la tenter ? C’était en somme la main mise définitive sur les finances du Vénézuéla c’est-à-dire d’un pays deux fois grand comme la France et appelé, nul n’en saurait douter, à un avenir de fabuleuse richesse ? Il semble que M. Taigny ait péché par excès de zèle en prenant sur lui, par les renseignements qu’il fournit, de faire échouer l’entente. Lorsqu’on sut à Caracas que les délégués des banques renonçaient à leur voyage, le président entra dans une colère terrible et sa haine contre M. Taigny ne connut plus de bornes. Il exigea son rappel dans des termes inconvenants, fit saisir les postes de la Compagnie des câbles et expulsa ses agents. Enfin, le 14 janvier, comme M. Taigny était