Page:Pierre de Coubertin - Chronique de France, 1906.djvu/144

Cette page n’a pas encore été corrigée
132
la chronique

elle un de ces procès politiques qui constituent son arme préférée. La Compagnie des câbles dont le contrat date de 1895 avait déjà dû, en 1900, accepter un compromis désavantageux. Son sort, cette fois, se trouvait entre les mains de Castro et l’on s’attendait bien qu’elle serait condamnée et expropriée. Mais Castro jouait double jeu. En sous-main il négociait avec les grandes sociétés de crédit parisiennes un prêt de 80 millions qui lui permettrait de fonder une banque d’État et d’établir certains monopoles tels que celui des cigarettes. Sachant que le gouvernement français qui donne à la Compagnie des câbles une garantie d’intérêts pourrait peser sur les dites sociétés afin de les rendre favorables à ses projets, Castro avait imaginé de se procurer, par la condamnation prononcée contre la Compagnie, un gage important. Il comptait que, pour éviter la déchéance de la Compagnie et la saisie de son matériel, le gouvernement interviendrait utilement. Nous avions alors à Caracas un simple chargé d’affaires, dont la perspicacité et le savoir faire ne paraissent pas avoir été à la hauteur d’une situation, il est vrai, très complexe et délicate. Il est certain que le prêt de 80 millions n’était pas sans danger et que, sur