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la chronique

On parodie volontiers au Vénézuela les formes du parlementarisme européen ; un semblant d’assemblée constituante ayant voté pour plaire à Castro une simili-constitution (la même, paraît-il, que préconisait Andrade et contre laquelle Castro avait pris les armes), ce dernier se fit élire président en avril 1901. À peine était-il installé qu’une insurrection éclata. Elle était fomentée par un ancien ministre des finances du nom de Matos, millionnaire que Castro, après sa victoire et alors qu’il traitait Caracas en ville conquise, avait fait incarcérer pour le rançonner et le saigner à son aise. Matos s’étant enfui, avait passé en Europe afin d’y recruter des fonds pour renverser son adversaire. Bravement, il débarqua au Vénézuela, appelant à lui tous les gens d’ordre ; on eut alors ce spectacle de la rente nationale montant à chaque victoire des insurgés dont la partie honnête et laborieuse du pays attendait sa libération. Mais l’énergie de Castro fut à la hauteur du péril ; il établit un formidable état de siège — presque une terreur — et ayant défait les troupes de Matos à Victoria (oct. 1902) il fit à Caracas une rentrée de triomphateur romain. À partir de ce moment la folie