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la chronique

lequel reposent les sociétés actuelles. Cette affirmation que ne soutient aucun argument sérieux, ne peut tenir devant le fait qu’une modification préalable de la nature morale de l’homme serait nécessaire pour aboutir à un tel résultat. Mais ce qui peut se soutenir sans paradoxe et ce sur quoi repose en somme tout l’espoir du radicalisme, c’est que l’esprit d’entreprise qui ne résisterait pas à la menace de la confiscation éventuelle s’accommodera d’une sorte de partage avec l’État ; c’est aussi que, les habitudes et les mœurs s’égalisant, le luxe effréné d’en haut baissera d’un cran et que la perspective d’un large bien-être suffira alors à inciter l’homme au travail intensif. On doit reconnaître que le type du milliardaire américain lequel convoite par l’argent la puissance bien plus que la jouissance, est assez rare en France et même en Europe. Le Français qui s’enrichit aperçoit dans la fortune la satisfaction matérielle qu’elle procure et non pas un instrument de domination. Or, parmi ces satisfactions, il en est bien de conventionnelles et qui ne répondent qu’à des snobismes héréditaires ou fantaisistes. Celui qui veut aujourd’hui un château princier trouvera un égal confort à habiter demain une belle maison et ne travail-