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la chronique

allemande la concession des travaux du port de Tanger. La protestation de la France fut ferme et modérée en même temps ; la réponse de la diplomatie allemande tortueuse et incorrecte. Au lieu de désavouer le zèle de son agent, le cabinet de Berlin ergota pendant plusieurs semaines, alléguant qu’il s’agissait de concessions antérieures au présent conflit — ce qui était faux — et que l’emprunt n’était qu’une « avance personnelle » faite au Sultan, ce qui n’avait point de sens car, en pareil cas, il n’y a pas de distinction à établir entre une avance et un emprunt. La France finit toutefois par se contenter de cette singulière réponse et de la promesse qu’on n’irait pas plus loin ; elle donnait ainsi une nouvelle preuve de ses sentiments pacifiques. Plus tard surgit l’incident Bou Mzian, l’arrestation et la détention illégales d’un algérien et le refus du Sultan d’accorder, après que cette détention eut pris fin, les réparations indispensables. Dans cette crise, M. Rouvier se montra d’une fermeté qui porta des fruits immédiats. Il indiqua aux cabinets de Berlin, de Londres et de Madrid que si la France n’obtenait pas satisfaction, elle pourrait être amenée à occuper certains points du territoire marocain, notamment