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d’une réception officielle à peine convenable. Une habile campagne — préparée de longue date — fut menée à Paris par des agents sûrs auprès de nombreux parlementaires et journalistes français afin de répandre dans l’opinion la conviction que l’empereur froissé par les procédés incorrects de M. Delcassé — on négligeait de dire en quoi ils avaient été incorrects — se refuserait désormais à laisser son chancelier « causer » avec lui mais que, ce ministre disparu, la conciliation serait prompte et l’attitude de l’Allemagne très amicale. De Rome arriva une fausse nouvelle, le bruit d’un ultimamum que le ministre de France au Maroc aurait remis à Abdul Azis et dont la mise à exécution entraînerait aussitôt le passage des Vosges par l’armée allemande. Enfin le président de la République et le roi d’Espagne, alors à Paris, ayant été l’objet d’une tentative d’assassinat qui échoua heureusement, Guillaume ii félicita Alphonse xiii d’avoir échappé à ce péril et s’abstint de toute missive à M. Loubet. On était sans doute curieux à Berlin de voir comment la nation française prendrait cette injure faite à son chef ; l’incident passa inaperçu de la foule et le gouvernement ne le releva pas.