Page:Pierre de Coubertin - Chronique de France, 1905.djvu/80

Cette page n’a pas encore été corrigée
68
la chronique

gée d’appuyer M. Saint-René Taillandier dans ses négociations avec le Mahkzen. Mais ce qui manquait c’était la présence, devant Tanger, d’une puissante escadre anglo-française. Le sultan savait à son tour, comme toute l’Europe le savait depuis la séance du 19 avril, que la France ne voulait point faire la guerre et ne se croyait même pas en état de la faire tandis que l’Allemagne, complètement préparée, ne s’inquiétait pas outre mesure d’en venir à une telle extrémité.

L’audace de M. de Tattenbach à Fez et celle du comte de Bulow à Berlin découlaient de cette conviction établie par la maladresse des parlementaires français et la même conviction enlevait leur portée aux actes de M. Saint-René Taillandier et de M. Delcassé. Ainsi se trouvait vérifiée une fois de plus la pittoresque parole du président Roosevelt que, pour parler efficacement de paix, rien ne vaut d’être muni d’un gros bâton. La tactique de M. de Tattenbach consistait à se montrer hautain vis-à-vis de la mission française tandis qu’il enguirlandait insidieusement le sultan et son gouvernement. D’autre part, il ne manquait pas d’adresser à Berlin des dépêches répétées dans lesquelles il chargeait M. Saint-René Taillandier de