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la chronique

révélant ; mais c’eût été orienter le débat vers une passe dangereuse. Il eut le courage de n’en rien dire et fit bien. Ses contradicteurs qui avaient eu, eux, le tort de ne point se renseigner ou même de ne point causer avec le ministre avant de prendre la parole, n’apportèrent pas la même circonspection dans leur langage. Naïvement ils reprirent tous les arguments dont la presse allemande commençait à faire ses délices quotidiennes, ayant l’air de tenir pour acquis le fait que la France eût offensé l’Allemagne par ses procédés. De l’ensemble de la séance au cours de laquelle on avait entendu successivement MM. de Castellane, Jaurès, Paul Deschanel, de Pressensé, Delafosse, etc… se dégageait nettement l’impression d’un désir exorbitant de paix. La paix avant tout, la paix au prix des pires sacrifices. « Il faut négocier » avait dit M. Jaurès et cette solution revenait sur les lèvres de tous les orateurs ; négocier pour avoir la paix. L’accueil fait aux déclarations de M. Delcassé qui, harcelé et agacé par la maladresse de ses collègues n’était pas ce jour-là en possession de tous ses moyens, décida le président du conseil M. Rouvier à intervenir dans le débat. L’état d’esprit de la Chambre l’obligea à proclamer