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la chronique

son départ et, dans son retentissant discours prononcé à Brême vers la même époque, il évita soigneusement de prononcer des paroles belliqueuses. S’il célébra la peine que Dieu s’était donné pour la patrie allemande afin d’en faire « le sel de la terre » et s’il esquissa le programme d’un « empire mondial Hohenzollern » il ajouta que la puissance allemande devait être basée sur « la confiance mutuelle des nations. » Et c’était là certainement une conclusion pacifique. La Gazette de l’Allemagne du Nord publia seulement une note d’allures officieuses exprimant un doute sur la façon dont l’autorité de la France au Maroc pouvait s’accorder avec la souveraineté du sultan et spécifiant qu’aucune garantie n’avait été donnée par la France que les intérêts économiques allemands n’auraient rien à souffrir.

Plus significatif que tout le reste fut, à cet égard, le changement de programme décidé par l’empereur au moment du débarquement. Une intention évidente de recul s’y manifestait. Mis au courant à son arrivée en rade de l’émotion causée en France par le fait du voyage et des commentaires peu obligeants par lesquels la presse du monde entier en avait accueilli la nouvelle,