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bien ce plan était vain. Il comprit que le jour viendrait fatalement où la majorité slave se trouverait en état de faire entendre dans les conseils de l’empire voisin une voix bientôt prépondérante et que jamais la minorité allemande ne consentirait à abandonner, voire même à partager le gouvernement d’un État au sein duquel elle avait si longtemps commandé sans partage. Ce jour-là, il était infaillible que les Allemands d’Autriche se détachent de leur patrie politique pour s’unir à la patrie de race, leur puissante amie. El comment s’y prendre, si même on le voulait fortement, pour empêcher neuf millions d’Allemands d’effacer la minuscule et insignifiante frontière qui les sépare de leurs frères. Du reste les Pangermanistes ne le permettraient pas. Se refuser à une telle annexion ce serait exposer l’Allemagne à une sorte de guerre civile. On pouvait seulement espérer que l’éventualité redoutable tarderait à se produire. Mais, depuis quelque temps, les événements se sont précipités. Il apparaît clairement que François-Joseph sera le dernier souverain allemand de l’Autriche-Hongrie ; son successeur a manifesté déjà qu’il s’appuierait sur les Slaves et qu’il apprécierait avant tout de porter les cou-