ne doivent pas être oubliés au soir de l’année qui les a vus disparaître.
Élisée Reclus est mort comme il avait vécu — sans faire de bruit. Quelques lignes dans les journaux, un simple rappel de ses œuvres principales et le silence s’est fait sur ce grand nom. Qu’aurait-on dit de lui ? Sa personnalité n’avait jamais compté. Tout son être s’absorbait dans la science dont il était non seulement le serviteur mais le prophète ; Élisée Reclus, c’était la géographie faite homme. Pour elle, il avait enduré mille souffrances, surmonté mille obstacles. Né en 1830, dans la Gironde, étudiant à l’université de Montauban puis à Berlin où l’enseignement de Cari Ritter décida de sa vocation, il sentit sourdre en son être un besoin qu’avant lui les géographes n’avaient pas ressenti, celui de voir. Il voulait repaître son regard et sa pensée du spectacle de la terre ; on eût dit qu’il aspirait à dégager d’elle une sorte d’âme collective sous l’action de laquelle l’homme se serait formé et développé. Et c’est bien là ce qu’il a fait. Par lui, la géographie est devenue quelque chose de vivant, de