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la chronique

employé sa souple intelligence à réparer les lourdes erreurs du prince de Bismarck. Ayant eu le talent de les discerner ce dont personne alors ne s’avisait, il eut aussi le courage d’en répudier l’auteur. L’Allemagne était ligottée et pléthorique. Il prétendit la débarrasser de ses entraves et lui ouvrir des débouchés. Ce n’était point facile. La première pensée qui devait venir au souverain, semble-t-il, c’est de fonder des colonies ou mieux de développer celles qui existaient déjà. Il y avait, en effet, un empire colonial allemand formé dans des circonstances assez particulières.

Les négociants des villes hanséatiques, gens ambitieux et entreprenants, n’avaient point attendu qu’on leur en donnât la permission pour s’intéresser à ce qui se passait en Afrique. Le roi Léopold ii, ayant fondé dès 1876 l’Association Internationale Africaine, y poursuivait avec un sang-froid et une audace sans pareils sa gigantesque aventure ; depuis cinq années, il maintenait à ses frais sur le Congo l’expédition de Stanley et ce dernier n’avait point signé moins de quatre mille traités avec des chefs indigènes en vue de concessions à obtenir ou de protectorats à établir. Bismarck n’était nullement gagné par cet exemple