n’engendrerait-elle pas de l’admiration pour le peuple capable de concevoir et d’exécuter de pareils tours de force ? Le pont Doumer produit sur les Tonkinois d’aujourd’hui un effet analogue à celui que dut produire naguère l’amphithéâtre de Thysdrus (El-Djem) sur les Berbères.
La ville romaine n’était pas seulement autonome dans son cadre mais aussi dans son existence. « On n’est jamais un grand homme pour son domestique », disait un ironiste. Cela est vrai des collectivités comme des individus : à se voir de trop près on perd du prestige. Les Arabes perdent beaucoup du leur en vivant avec les Européens ; nous en perdons peut-être plus encore, à leurs yeux, en nous mêlant à eux, en adossant nos églises à leurs mosquées et nos forums à leurs marchés. Rien ne subsiste de cet ordre magnifique par lequel Rome se révélait aux peuples subjugués. Rien ne saurait remplacer la triomphale autonomie de la cité romaine.
La question se pose aussitôt : pouvait-on en agir ainsi au xixe siècle et la fondation de grandes