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la chronique

ou une secte, telle les Almoravides, réussissait naguère à conquérir la prépondérance, le groupement ainsi favorisé s’attribuait, avec la direction de la force militaire, toutes sortes de droits et de privilèges ; naturellement ces droits et privilèges étaient plus facilement imposés à la plaine qu’à l’impénétrable montagne. Ainsi la distinction s’esquissait déjà entre les deux portions de l’empire. Mais lorsqu’au début du xvie siècle les chérifs saadiens s’emparèrent du trône, n’étant ni tribu, ni secte, ils n’avaient point d’armée et durent s’en constituer une. Précisément, comme l’explique fort bien M. Eugène Aubin[1], les Turcs qui s’organisaient alors en Algérie y appuyaient leurs milices peu nombreuses au moyen de tribus indigènes qu’ils exemptaient d’impôts en échange du service. Ainsi firent les Saadiens ; ils groupèrent les gens de l’Est refoulés vers le Maroc par la conquête turque et en formèrent la tribu des Cheraga : ce fut la première tribu makhzen. Mouley Ismael à son tour créa les Bouakhar et favorisa la tribu déjà existante des Oudaïa ; enfin les Cherarda furent constitués en tribu makhzen afin de

  1. Le Maroc d’aujourd’hui.