Le courrier envoyé de Paris était arrivé à Rome le 10 mars. Aussitôt le pape et les cardinaux s’étaient mis à l’œuvre. Pie vii avait un sérieux désir d’aboutir ; il se contenta d’atténuer, d’adoucir les formules, acceptant dans le fond tout ce qu’il pouvait accepter sans manquer aux lois fondamentales dont il avait la garde. Il crut montrer une extrême diligence en renvoyant le 13 mai le projet qu’on lui avait communiqué ; il l’accompagna d’une lettre personnelle dans laquelle, traitant Bonaparte en souverain, il lui parlait un langage à la fois doux et ferme susceptible de faire impression sur le Premier consul. Or, la veille de ce même jour, ce dernier, pris d’une subite impatience, avait fait à Mgr Spina une scène terrible et envoyé à Rome un ultimatum de la dernière violence. Il menaçait, en cas de rupture, de réoccuper tous les États pontificaux et laissait entendre que la validité de l’élection de Pie vii pourrait même se trouver rétrospectivement contestée. On reconnaît ici la main de Talleyrand et il faut avouer que la prétention ne manquait pas d’audace, étant donné que les irré-