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pour lui une autre leçon de choses également probante. La restauration du catholicisme lui donnerait un prestige énorme et ferait de lui un homme providentiel aux yeux du peuple. En même temps les sévices endurés depuis neuf ans par les catholiques leur feraient apprécier un rétablissement même partiel du culte et il ne serait pas nécessaire de leur accorder une liberté totale pour devenir l’objet de leur gratitude.

Bonaparte songea-t-il sérieusement à instituer cette « religion nationale » dont il parla à plusieurs reprises. Nous ne le croyons pas ; il s’en servit comme d’un épouvantail auprès du Saint-Siège. L’échec piteux de la théophilanthropie et du culte décadaire, échec que n’arrivent pas à dissimuler les historiens qui leur sont les plus indulgents[1], devait lui donner à cet égard fort à réfléchir. Quand, en pleine négociation du Concordat, il livra l’église de Notre-dame de Paris à l’évêque constitutionnel et régicide Grégoire pour y tenir un soi-disant « concile » (concile au cours duquel Grégoire prononça un violent discours contre le pape), Bonaparte répondit au cardinal

  1. Voir les ouvrages de MM. Aulard et Mathey.