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tables constituait son œuvre ministérielle. Parmi ces dernières aucune ne peut être comparée à son appel aux « ligues de gauche » pour aider à républicaniser l’armée. Sans doute ne réalisa-t-il point jusqu’à la fin l’étendue de l’imprudence commise par lui. Avant la séance de la Chambre le capitaine Mollin lui avait, de plus, donné sa parole que si quelque lettre compromettante signée de lui Mollin était produite à la tribune, ce ne pouvait être qu’une pièce apocryphe. Mais comment nier, en présence de ce formidable dossier, de la complète évidence résultant des timbres du ministère de la guerre et de ceux du Grand Orient apposés sur la plupart des documents ?

Sur ces entrefaites, le général fut frappé en pleine séance de la Chambre par le député Syveton ; la majorité ministérielle qui était tombée à deux voix[1] remonta aussitôt au chiffre de 50. L’at-

  1. C’était en réalité une minorité car un usage absolument répréhensible permet aux ministres en exercice de continuer à voter ; ils peuvent donc se témoigner à eux-mêmes leur propre confiance. De ce chef le cabinet Combes disposait à la Chambre de 7 voix et lorsqu’il obtenait une majorité de 2 ou de 4 voix, comme ce fut le cas à plusieurs reprises, sa victoire n’était qu’apparente ; en fait il se trouvait mis en minorité.