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collègues avaient placé à tort leur confiance, s’était livré, pendant de longs mois, au travail de préparation de la trahison qu’il méditait. Il copiait les fiches ou bien les emportait chez lui pour les photographier et les rapportait sans qu’autour de lui on se fut aperçu du larcin. Quand l’œuvre fut achevée, Bidegain disparut prudemment. On peut se demander s’il arrivera à échapper à la justice sommaire des Francs-maçons profondément irrités contre lui. Le mobile auquel il obéit fut probablement le désir de se procurer de l’argent en vendant son dossier au poids de l’or. On ne sache pas qu’il ait eu le désintéressement de l’offrir gratuitement. Peut-être cependant, entra-t-il dans son esprit quelque désir de mettre fin, en le révélant, à un système qui pouvait fort bien l’avoir à jamais dégoûté de la Franc-maçonnerie et de certains de ses procédés.

Les fiches ainsi produites s’appliquaient exclusivement à l’armée. Elles révélèrent les noms des principaux délateurs et la façon dont fonctionnait ce singulier service. Le capitaine Mollin, gendre de M. Anatole France, en était au ministère de la guerre le chef unique. Il était aidé dans sa triste tâche par le commandant Bernard, officier d’or-