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puisse plus être arraché. Quand la Gaule fut morte et que, sur ses ruines, s’édifia péniblement ce compromis entre la rudesse barbare et le raffinement romain qui devait être la France, le goût persista des « couleurs vives et des paroles sonores. » Faute de savoir peindre on continua du moins de badigeonner. Les murs des palais et des églises se couvrirent de fresques grossières mais convaincues, en même temps que les pinceaux plus délicats s’attardèrent à enluminer les missels. Et ce fut ainsi à travers le flux et le reflux des invasions jusqu’au jour où les croisades rétablirent avec l’orient des contacts féconds. L’art byzantin et l’art arabe rayonnèrent alors jusque dans l’Ile-de-France où fermentait une force créatrice qui s’ignorait et cherchait sa voie. L’ayant trouvée, elle s’exprima aussitôt. Il est sans doute un peu exagéré de comparer ce mouvement — tout remarquable qu’il ait été — avec celui qui, au ve siècle avant Jésus-Christ, se manifesta au sein des sociétés hellènes. Mais, s’il n’atteignit pas aussi haut, il n’y fut pas inférieur par l’ardeur et l’enthousiasme. Les personnes qui l’avaient préparé étaient, au vrai sens du mot, des artistes car l’art tout entier leur constituait un domaine dans