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titre, cinq ans plus tôt, un ramassis « d’audacieux voleurs, traîtres et anthropophages[1]. » Dès 1843, dans les îles Foutouna où l’on avait vu une mère tuer jusqu’à six de ses enfants pour les manger et où le père Chanel venait d’être martyrisé, l’ordre et la paix s’établissaient. Le secret d’une action si puissante et si rapide résida dans l’absolutisme du remède proposé et dans la survivance d’une sorte d’idéal enfoui au plus profond de l’âme d’une race dégradée et tombée dans l’infamie, mais faite assurément pour de meilleures destinées. Les missionnaires français présentaient aux Polynésiens, comme planche de salut dans leur naufrage moral, la famille : la famille intacte et immuable, pure et indestructible. L’erreur des Wesleyens qui presque partout les avaient précédés et s’épuisaient depuis longtemps en efforts parfaitement vains avait été d’autoriser le divorce en lequel ils apercevaient — assez logiquement du reste — un moyen de

  1. Ces heureux résultats furent passablement compromis par le fanatisme d’un missionnaire peu recommandable, le P. Laval, que le gouvernement impérial commit la sottise de laisser s’insurger contre son autorité et organiser aux Gambier un odieux et honteux régime.