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la chronique

en venir à bout ni beaucoup d’efforts ni beaucoup d’argent. Laisser faire les missionnaires et se tenir prêt à leur venir en aide en toute occasion par quelqu’une de ces « démonstrations » navales, aussi efficaces qu’inoffensives, voilà tout le secret de la politique qui s’imposait. Encore pour la suivre, fallait-il que le gouvernement de la métropole eût quelque connaissance des choses d’Australasie. Son extrême ignorance en ces matières l’empêcha d’être vigilant à point nommé ; il laissa passer les occasions les unes après les autres.

Dans l’histoire des missions françaises, l’évangélisation de l’Océanie occupe une place à part ; la simplicité et la noblesse des moyens employés, l’ampleur des résultats atteints, l’originalité et la beauté de certaines des figures du premier plan, tout cela constitue une sorte d’épopée digne d’être chantée par un poète de renom. Rien n’est plus surprenant que les transformations opérées par les missionnaires, souvent en très peu de temps. Dès 1838, Dumont d’Urville et ses officiers proclamaient, émerveillés, « la plus heureuse et la plus parfaite de la terre », cette population des Gambier que les Anglais avaient appelée, à juste