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sur cette époque sacrée, un jugement différent du sien. Taine n’a point respecté la révolution ; ayant commencé d’écrire, plein de ferveur pour ses mérites, il s’aperçut en route qu’elle avait commis un grand nombre de crimes inutiles et il le dit fort crûment, avec preuves à l’appui. C’est ainsi qu’il concevait, en sa naïve loyauté, le rôle de l’historien : M. Aulard le conçoit autrement, à la manière des bardes d’autrefois qui chantaient la gloire d’un clan ou des poètes-lauréats qui sont chargés d’exalter la famille de leur souverain. M. Aulard est un historien dynastique au service de Sa Majesté la Révolution. L’étrange de la chose c’est qu’il ne s’en rend pas compte : son dysnastisme est aveugle ; M. Aulard jurerait sur sa tête qu’il ne recherche que la vérité toute nue, tandis que Taine s’occupe de la farder. Et ses disciples partagent cette conviction.

Voilà d’étranges aberrations ! M. Aulard, certes, a été généralement blâmé par ses confrères pour sa protestation incongrue et ceux là même qui n’adhèrent point aux conclusions de Taine sont unanimes à penser que la haute valeur et la belle sincérité de sa méthode en font un historien de premier rang. N’empêche que l’incident jette un